Dimanche
dernier, le Parti Socialiste a subi une lourde défaite aux élections
européennes. Toutes les conditions étaient pourtant réunies, dans
un contexte de crise économique et sociale et de contestation
généralisée pour que les électeurs fassent le choix des
socialistes et des sociaux-démocrates réunis, pour changer
l’Europe.
Si
cette élection est un échec pour le PS, il ne l’est pas pour la
Gauche qui arrive loin devant la droite qui peine à décoller des
30%. Les faibles scores du NPA et du Front de Gauche montrent que la
radicalité à gauche n’a pas fonctionné et le faible score du
MODEM l’empêche désormais de se positionner comme un acteur
central du changement.
Saluons
alors le succès d’Europe écologie qui sort incontestablement
comme le grand vainqueur de cette élection. Peut-être tout
simplement parce que ce rassemblement, certes hétéroclite mais
véritablement divers a su parler d’avenir, en embrassant
l’ensemble des problématiques agitant la société européenne,
alors que nous restions désespérément dans le présent.
Pour
autant, quand l’essentiel des partis sociaux démocrates européens
se font balayer en même temps, point de coïncidence. La lame de
fond de ces élections doit évidement nous interroger plus
profondément. Si les valeurs de la social-démocratie ne sont pas en
cause, notre projet commun n’arrive plus à emporter l’adhésion.
Ne pas le voir et l’accepter serai mortifère pour nous.
Paradoxalement,
au moment où le projet social-démocrate du siècle dernier triomphe
idéologiquement, ce triomphe est aussi une cause puissante de notre
échec électoral. Nous n’avons pas vu ou plutôt intégré que
même les droites les plus libérales étaient devenues
interventionnistes, au moins dans les mots. Sur le plan de relance,
nous n’avons finalement rien dit d’autre, que nous ferions plus
et mieux. Le projet social-démocrate y a perdu en crédibilité et
en lisibilité.
Sur
la base de nos valeurs (la lutte contre les inégalités, le progrès
humain, l’émancipation…), la social-démocratie européenne doit
s’attaquer à la construction d’un nouveau projet pour le siècle
avenir, basé non plus sur la régulation et la réparation
uniquement, mais aussi sur la prévention et l’anticipation.
Par
conséquent et par exemple, la question n’est plus de savoir
comment limiter ou corriger les inégalités, mais véritablement
comment les prévenir, comment les attaquer à la base. Nous avons
pourtant ouvert ce débat avec, entre autres, la théorie de
« l’égalité réelle » défendue par DSK ou les
propositions de Ségolène autour du « Service public de la
petite enfance ».
Nous
n’avons simplement pas aboutis, surtout par trop de méfiance entre
nous. De la méfiance, il faut passer à la confiance… à la
discussion, au partage et à l’humilité. Le pire danger pour le
socialisme aujourd’hui c’est l’immobilisme. C’est donc à
cette nouvelle réflexion qu’il faut nous atteler. Car les champs
d’exploration sont infinis. Car les champs des discriminations qui
provoquent l’inégalité réelle sont infinis.
Saluons
à ce titre la triple volonté réformatrice de Martine Aubry qui
veut à la fois la refondation de nos idées, la refondation de la
gauche et la refondation de notre parti. Il faut supporter ce
mouvement. Il est salvateur.
Nombre
de voix se sont exprimées également au cours de notre Conseil
National pour porter la volonté de construire la Maison Commune de
la gauche que Martine a évoqué dans son discours introductif. Pour
paraphraser Benoît Hamon au CN, le parti socialiste se rénovera en
se dépassant.
Les
primaires à gauche ont fait l’objet de toutes les attentions du
Conseil National. Elles doivent définitivement être considérées
comme un moyen et non comme une fin. Il est urgent que le Parti
Socialiste s’engage dans une véritable démarche de construction
partagée d’un projet avec l’ensemble de la gauche démocratique,
politique, associative et syndicale.
Il
s’agit pour le Parti Socialiste d’arrêter de penser que notre
rôle et de traduire les aspirations des Français quand il s’agit
de partager et de porter ensemble. Sans préalable, c’est avec
l’ensemble de la gauche qu’il nous faut bâtir, partager et
défendre un projet commun.
Allons
au bout de ce processus. Engageons-le dès aujourd’hui. A la fin,
il en sortira un candidat. Pour l’heure la question n’est pas là.
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